La Corse et le Resto-Zinc, c’est une histoire de cœur.

Depuis des années, nous mettons à l’honneur nos vignerons préférés de l’île de Beauté, le temps de quelques semaines à partir du mois de mai. L’occasion de parler de ces vins que l’on a finalement peu l’occasion de déguster, mais qui nous semblent INDISPENSABLES à toute carte des vins qui se respecte !

Car le vignoble corse est aussi varié, à son échelle, que l’ensemble du vignoble français !

Tenez : vous y trouverez des vins de toutes les couleurs (enfin, on se comprend, hein, on parle des couleurs officielles du vin 😉 ), des cépages originaux (Nielluciu, Vermentinu, Sciaccarellu, Codivarta, Aléatico…) et des zones de production qui offrent des tempéraments… bien différents : d’un Patrimonio puissant et tannique à la délicatesse de la baie d’Ajaccio, en passant par la gourmandise tout en fruits de Sartène…

Une véritable palette d’arômes et de terroirs à découvrir.

Et on ne vous parle pas des vignerons… On ne se mouillera pas à parler de leur caractère, mais on se délectera de vous présenter leurs talents.

Ce lundi 28 mai, ils étaient quatre chez le Caviste le Sourire au pied de l’échelle (de gauche à droite) : Etienne du clos Culombu, Sébastien du Clos Nicrosi, Jean-Antoine du Clos Ornasca et Gilles du domaine Sant Armettu.

Des fidèles parmi les fidèles, dont nous suivons le travail depuis plusieurs années. Ce qui nous permet d’avancer avec fierté que leurs vins ont évolué, grandi avec eux… ET que nous disposons – chose devenue rare par les temps qui courent ! – de vieux millésimes à la cave…

Pour nous, ils ont accepté de se prêter au jeu de l’interview, sous forme d’un (mini) questionnaire de Proust. Présentation.

  • Etienne du clos Culombu :

Un film ?

Le Sang de la vigne, c’est pas mal. Ah non, sinon L’Aile ou la cuisse ! C’est une farce !

Un cépage ?

Le Vermentino : c’est le plus facile à vinifier, qu’il pleuve ou qu’il vente, il est aimable…

J’aurais pu dire aussi le Qualtacciu : c’est un blanc de Balagne (N.B. la région autour de Calvi, où Etienne est installé) que j’ai contribué à sauver. J’ai fait venir un ampélographe qui m’a aidé… C’est un cépage très aromatique, avec beaucoup de fruits. Il n’est pas autorisé aujourd’hui en AOC, c’est un sans papier… mais un grand fantasme.

Une fierté ?

Avoir un fils qui continue.

Une anecdote, un regret ?

Lors d’un Salon de l’agriculture à Paris avec un copain il y a quelques années… à l’époque les vins corses avaient une très mauvaise réputation. On partait de zéro, il y a avait tout à faire, mais quand on a entendu un visiteur enfoncer le clou « Vous partez de -20 oui ! », ça a un peu dégénéré… Ce n’est pas glorieux !

Si tu n’étais pas vigneron…

Je ne me vois pas autre chose. Quand on fait quelque chose qu‘on aime ce n’est pas compliqué. Ça permet de ne pas être esclave. Tu vois, je suis à Paris ce soir, je peux être dans les vignes demain matin : c’est un métier complet, et contrairement à l’agriculture pure, on peut suivre depuis la production jusqu’au bout, avec la commercialisation, les voyages etc.

 

  • Gilles du domaine Sant Armettu

Un film ?

La Grande Bouffe. 

Un cépage ?

Le Sciaccarellu. C’est un très grand cépage, endémique, qui me rappelle le Pinot dans ses arômes. J’ai appris il y a quelques jours qu’il y en aurait aussi quelques pieds en Toscane, sous un autre nom… Mais c’est vraiment notre cépage, l’un des trois autorisés au tout départ dans notre AOC. Aujourd’hui il y en a une bonne dizaine.

Ta plus grande fierté ?

Mes enfants ! Ils sont très attirés par le vin eux-aussi, ma fille est en BTS viti-oeno à Montpellier, mon fils fait son DNO, à Montpellier lui aussi.

Une anecdote, un regret ?

Ne pas avoir planté plus de blanc ! À l’époque on ne buvait pas de vin à l’apéro, et quand on passait à table, c’était place au rouge. Aujourd’hui ça a changé, et on manque cruellement de bons vins blancs alors que l’on a des terroirs et des cépages blancs merveilleux en Corse…

Si tu n’étais pas vigneron…

Je serai malheureux !

 

  • Sébastien, du Clos Nicrosi.

Un film ?

Les tontons flingueurs ! Pour la scène dans la cuisine…(rires)

Un cépage ?

Le Vertimentino ! (à lire avec l’accent chantant)

Parce qu’il convient parfaitement au Cap Corse, chez moi, où l’on a des sols de schiste et de granite. Moi je vinifie à l’ancienne, en douceur, je laisse se faire les choses. Je ne fais que du blanc, en pressurage direct, je ne matraque pas en soufre, ce qui donne une légère oxydation naturelle. Ensuite je n’utilise pas de fûts, tout est en cuve inox.

Une fierté ?

Pouvoir transmettre – non ! – Pouvoir essayer de transmettre ce que m’ont transmis les anciens. Le respect des terroirs, le séchage naturel du muscat pour gagner en sucrosité…

Une anecdote, un regret ?

Oh des conneries, j’en ai fait ! Avoir oublié d’éteindre la pompe pendant une mise en bouteille par exemple…

Si tu n’étais pas vigneron…

(Grimace) Je m’étais engagé, le soir de mes 18 ans, auprès de mon père pour reprendre après lui. Je ne connais que ça… mais oui, sinon ça aurait été quelque chose dans la restauration, un bistrot, un bar à vins…

La convivialité, l’échange et le partage, c’est ma vie.

  • Jean-Antoine du Clos Ornasca

Un film ?

Tu seras mon fils.

(silence) Je l’ai trouvé très beau. Et vrai.

Un cépage ?

Le Ciaccarellu : un cépage rouge typique du sud, là où je suis près d’Ajaccio. Il a des arômes d’épices, des notes poivrées, de réglisse, des notes boisées aussi parfois, ce qui fait que souvent les gens pensent qu’il y a eut du fût !

Une fierté ?

Mes enfants. Et réussir à travailler avec ma femme ! (rit)

Une anecdote, un regret ?

Je donne ma langue au chat…

Si tu n’étais pas vigneron…

Berger ! je l’ai été, charcutier aussi un peu – de la charcuterie corse hein attention – et j’adorais ça. C’était familial, j’ai commencé bien avant mes 18 ans, j’ai mené les bêtes pendant plus de 10 ans avant de rejoindre le domaine de ma belle-famille. Ça me plaisait.

Après une telle présentation… il ne vous reste plus qu’à venir déguster leurs nectars, toute l’année au Caviste, et avec une large sélection au verre jusqu’au 15 juin au Resto-Zinc (avec l’assiette qui va bien de spécialités corses, cela va sans dire).

Et, vous, alors, avez-vous le profil Corse ?

Opération corse menée en collaboration et en toute amitié avec l’association UVA Corse. Bisous les amis. 😉

 

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